Critique : Assassin’s Creed II

Critique de Clément

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
Ezio’s Family – Flight Over Venice 1 – Approaching Target 3

Le premier voyage d’Assassin’s Creed nous emmenait dans la poussière d’un Moyen-Orient médiéval aux côtés du ténébreux Altaïr, pour un résultat musical plutôt mitigé. Le second opus propose une intrigue moins sombre et un héros plus jeune, Ezio, autorisant un enrobage sonore déjà plus agréable ; la noblesse italienne du XVème siècle, c’est quand même autre chose que les bas-fonds de Jérusalem. Malgré tout, Jesper Kyd est resté fidèle au style employé dans le premier épisode, à savoir des mélodies souvent planantes, toujours voilées. Normal, étant donné que le joueur dirige un assassin aux activités auréolées de secret. Mais les instruments se sont adaptés : violons et violoncelles remplacent mizmar et mijwiz ; le piano résonne d’échos glacés ; les chœurs murmurent tandis que la soprano nous guide de sa voix suave. Goûter aux saveurs ésotériques de « Darkness Falls In Florence » tout en escaladant discrètement des toits sur fond de pleine lune est un des plaisirs particulièrement appréciables que procure le jeu. Les enfants, n’essayez pas de reproduire ça à la maison. Les autres non plus d’ailleurs*.

Ce qu’il manquait au premier AC, c’était un thème principal, un porte-drapeau. AC II corrige le tir de manière magistrale, en proposant plusieurs variations d’un thème repris dans de nombreuses pistes. Que Jesper Kyd soit béni : l’OST regorge de ces mélodies fluides et légères, ballades nocturnes furtives à la fois mélancoliques et mystérieuses. À ce titre, « Ezio’s Family », petit bijou acoustique, fait figure de tête d’affiche. Certains morceaux tendus, notamment les différents « Approaching Target », permettent, eux, d’alterner avec des passages plus sérieux entre deux envolées lyriques. Longue de trente trois pistes (trois fois plus qu’AC !), la bande son est très homogène, tout à fait méditative, extrêmement plaisante. Même si, parfois, des pistes musclées viennent interrompre le rêve éveillé de manière un peu pénible. Ce sont celles illustrant les phases de combats (« *** Combat ») et de poursuite (« *** Escape »), assez banales malgré l’utilisation judicieuse de guitare électrique et de percussions pour donner un effet plus sauvage. Oui, Ezio sait se battre, mais c’est avant tout un poète. Un rêveur.

Excellent

* N’essayez pas non plus de vous déplacer dans le métro en poussant les gens d’un revers de main.

Critique : Assassin’s Creed

Critique de Jérémie

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
City of Jerusalem, Acre Underworld, Access the Animus

Sans nul doute, Assassin’s Creed est l’une des meilleures nouvelles franchises de cette génération de consoles. Mais il aura fallu des épisodes qui transcendent le point de naissance de la série pour qu’elle atteigne le prestige qu’on lui connaît désormais. Musicalement, c’est un peu la même chose. Le premier Assassin’s Creed bénéficiait ainsi des compositions de Jesper Kyd, déjà reconnu mais pas forcément très inspiré. L’album de la bande originale navigue ainsi entre certains artifices un peu grossiers et des trouvailles intéressantes. Artifices grossiers dans les instruments qui se sont imposés pour exprimer l’ambiance proche-orientale : oud, buzuq, ney, mizmar et mijwiz, autant de noms exotiques dont les sons étaient finalement très attendus. Il était facile d’illustrer Jérusalem, destination des Croisades, par la rencontre impromptue de chants grégoriens et de flûte orientale, mais le résultat est aussi séduisant que maladroit. Si, dans certains passages calmes, on sent déjà le raffinement que Kyd exprimera pleinement dans les Assassin’s Creed suivants, ce premier épisode illustre avant tout une ambiance poussiéreuse, un temps médiéval lugubre.

C’est bien dans le côté atmosphérique que la BO prend tout son sens, et la retirer du jeu est évidemment difficile. La plupart des pistes sont graves, rugueuses presque. On notera également quelques passages d’action riches en percussions efficaces dans « Trouble in Jerusalem » et « Danger in Masyaf ». Mais c’est avant tout dans sa facette méditative que le premier Assassin’s Creed trouve sa saveur : « Acre Underworld », qui murmure le désespoir d’une ville blessée, ou « Dunes of Death », sombre paysage dépeint par le piano glacial et la flûte gémissante. À cela s’ajoutent les distorsions électroniques venues de notre époque, le plus souvent imbibées de mystère. Elles accompagnent pleinement la piste sans doute la plus réussie, « Access the Animus », qui se construit sur 9 minutes 30. Parfaite illustration d’un temps intermédiaire, glissé entre deux époques, elle débouche sur un formidable final rempli d’action. En fin de compte, en contemplant l’ensemble de cette bande originale, on regrette surtout que Kyd n’ait pas senti le besoin d’amener un thème principal, qui aurait pu donner une identité plus claire aux musiques. Là, l’ensemble est inégal et souvent peu original.

Moyen

Rétrospective : Assassin’s Creed

« Nous avons écouté de nombreux compositeurs avant de trouver celui qui conviendrait à Assassin’s Creed », affirmait la productrice Jade Raymond dans le communiqué de presse qui officialisait la participation de Jesper Kyd au premier épisode de la future série. Il faut dire que l’équipe de développement était en train de mettre au point une plongée absolument inédite dans l’ambiance des Croisades, ère jusque-là peu exploitée par les jeux d’action-aventure, et qu’il aurait été dommage de ne pas accompagner cette percée d’une musique travaillée. Précisément, Kyd n’en était pas à sa première expérience. Le compositeur des quatre premiers Hitman et de Freedom Fighters, entre autres, a déjà prouvé qu’il savait mêler les styles, de l’orchestral à l’électronique, pour créer des ambiances musicales prenantes. Avec Assassin’s Creed, il a trouvé une nouvelle mythologie et celle-ci, en traversant les époques depuis le futur très proche jusqu’à un millénaire dans le passé, lui a permis de mettre précisément à contribution cette approche.

Alors que sort cette semaine le dernier épisode en date, Assassin’s Creed Revelations, Musica Ludi vous propose une rétrospective de la série. Vous comprendrez comment le style de Jesper Kyd a évolué au fil des épisodes et quelles sont ses inspirations.

Au croisement des âges et des cultures : Assassin’s Creed (2007)
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Le premier épisode de la série Assassin’s Creed se déroule en grande partie durant la troisième croisade, au XIIe siècle, bien que certaines séquences se passent en 2012. Jesper Kyd, bien conscient que composer pour un jeu historique est une occasion rare, en a profité pour créer des musiques différentes de celles, plus hollywoodiennes, qu’il avait pu écrire pour Hitman par exemple. Après avoir composé un premier prototype de musique pour la présentation du jeu à l’E3 2006, il a commencé par imaginer les thèmes des trois principales villes du jeu (Acre, Damas et Jérusalem) et du bastion des assassins, Masyaf. L’équipe de développement lui a soufflé les premières idées pour ces musiques : ce sont eux qui ont voulu que le thème d’Acre illustre une sorte de « drame chrétien », que celui de Damas tente une approche musulmane sans tomber dans les gammes habituelles, et que celui de Jérusalem soit à la rencontre des différentes religions. Pour illustrer le conflit entraîné par les Croisades dans la ville sainte, Kyd a ainsi mélangé des chants grégoriens avec des flûtes et percussions orientales.

En dehors de ces propositions de l’équipe, le compositeur a néanmoins disposé d’une vraie liberté, ce qui lui a permis notamment de mettre au point l’ambiance méditative qui entoure les assassins, à travers les musiques d’approches par exemple. Tout comme les designers du jeu, il a fait de nombreuses recherches historiques pour savoir à quoi pouvait ressembler la musique de la fin du XIIe siècle, les instruments principalement. Malgré ces recherches, il lui a réellement fallu inventer un son et, avec les différentes phases de jeu proposées par Assassin’s Creed, Kyd a dû développer de nombreuses ambiances conformément au rythme du jeu : cinématique, exploration, enquête, approche, combat et fuite. C’est d’ailleurs la liberté d’exploration offerte par le jeu que le compositeur admire le plus. En fin de compte, il a produit environ 100 pistes, pour un total de 3 heures de musique brute.

Sous les lumières de la Renaissance : Assassin’s Creed II (2009)
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Le deuxième épisode de la série fut un bond absolument spectaculaire en avant, la plupart des défauts du premier se trouvant en effet corrigés. Jesper Kyd a naturellement accompagné avec sa musique toutes les nouveautés apportées par les développeurs. Mais le changement le plus crucial reste naturellement celui du contexte : après les Croisades, Assassin’s Creed II avance de quelques siècles et prend place dans l’Italie du XVe siècle, au moment où la Renaissance est en plein essor. La première chose qui frappe est donc l’ambiance plus délicate, plus cinématique apportée par la musique. Grâce à un budget plus généreux, le compositeur a pu enregistrer la plus grande partie de la bande originale en studio, avec de nombreux musiciens : une vingtaine de violons, avec des solos d’Alyssa J. Park, une dizaine d’altos, une dizaine de violoncelles, une autre dizaine de choristes, avec Melissa Kaplan en soliste… Kyd voit même dans sa musique pour ACII une approche romantique, la période du jeu s’y prêtant plus facilement que le premier. On trouve même une tarantella, une danse traditionnelle italienne.

Pourtant, l’obscurité n’est jamais très loin, le compositeur n’ayant pas oublié qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’assassins. Le jeu compte ainsi un certain nombre de musiques sombres et inquiétantes, illustrant les nombreuses conspirations qui nourrissent le scénario. Cette approche plus classique des compositions se prête également à une optique plus dramatique et, parmi les musiques de ce type, « Ezio’s Family » reste encore aujourd’hui la plus populaire. Kyd lui-même est impressionné par le succès de cette piste, visionnée plusieurs millions de fois sur YouTube, à tel point qu’il a le sentiment qu’une communauté s’est créée autour de ce morceau. Pour le composer, il s’est inspiré des événements le plus souvent tragiques qui rythment la vie d’Ezio, et qui le conduisent sur le chemin des assassins.

Dans les méandres du Vatican : Assassin’s Creed Brotherhood (2010)
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Brotherhood n’est pas encore un vrai Assassin’s Creed III. Cet épisode est la suite directe du deuxième, avec lequel il partage donc un contexte très proche, Ezio étant toujours le héros. Pour Jesper Kyd, la bande originale du jeu était donc un défi : il lui fallait en effet trouver une approche nouvelle par rapport à ACII, tout en en restant le plus proche possible pour que l’ambiance semble cohérente si jamais une musique de l’épisode précédent est réutilisée. Après avoir réalisé de nombreuses recherches sur la famille Borgia, qui est au cœur de l’histoire, et notamment sur la personnalité de Cesare Borgia, Kyd a convenu qu’il devait amener dans Brotherhood une musique plus sombre, plus « malsaine ». Là où la bande originale d’ACII restait assez légère, inspirée notamment par l’opéra, celle de Brotherhood est beaucoup plus grave. Pour accentuer cette sensation, Kyd a amplifié le côté moderne des musiques d’une manière inhabituelle : après avoir enregistré les différents instruments acoustiques en studio, il les a volontairement retouchés par ordinateur pour leur donner un « grain » particulier.

L’une des particularités du jeu est de reposer beaucoup sur certains thèmes : celui de Borgia, celui d’Ezio devenu maître assassin, ceux des différents quartiers de Rome, mais aussi des thèmes pour les aspects plus modernes ou fantastiques de l’intrigue, à savoir le personnage de Desmond Miles et la pomme d’Éden. Ces deux thèmes contribuent pour beaucoup à l’optique plus mystérieuse, plus moderne de la bande originale. Seul thème commun aux trois premiers Assassin’s Creed, celui des assassins fait qui plus est son retour sous une nouvelle forme. En fin de compte, même s’il n’a eu qu’environ 6 mois pour écrire toutes les nouvelles compositions, Jesper Kyd a produit environ 2 heures de musique pour Brotherhood.

Le retour au Proche-Orient : Assassin’s Creed Revelations (2011)
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Pour la première fois dans la série, Assassin’s Creed Revelations n’est pas uniquement l’œuvre de Jesper Kyd. S’il a signé un certain nombre de pistes, il a été accompagné par Lorne Balfe, un collaborateur régulier du compositeur de cinéma Hans Zimmer. Balfe a écrit une certaine partie des pistes pour le mode histoire, mais il est surtout l’auteur de toutes les musiques du mode multijoueur, auxquelles il a apporté une approche un peu plus cinématique. Dans le mode histoire, Kyd est quant à lui revenu à un style plus léger et épuré que dans Brotherhood, offrant à la ville de Constantinople qui sert de cœur au jeu plusieurs thèmes semblables à ceux de Florence ou Venise dans Assassin’s Creed II.

Reste maintenant à savoir quel sera la nature du nouvel Assassin’s Creed promis par Ubisoft pour l’année 2012, et bien sûr à vérifier si Jesper Kyd reprendra son rôle de compositeur.

Assassin’s Creed Revelations Original Game Soundtrack – The Complete Recordings

Bande originale d’Assassin’s Creed Revelations sur PC, PS3 et Xbox 360.

Date de sortie : 15 novembre 2011
Prix : 17,99 dollars (iTunes)
Publié par Ubisoft Music

Composition et arrangements :
Jesper Kyd, Lorne Balfe


Assassin’s Creed Revelations fait suite à l’épisode Brotherhood, et clôture la trilogie liée au personnage d’Ezio, amorcée en 2009 avec le deuxième volet de la série. À cette occasion, l’histoire emmène le joueur au début du XVIème siècle dans la ville de Constantinople. Pour la première fois dans l’histoire de la série, Jesper Kyd n’est plus le seul compositeur de cet épisode et partage désormais cette tâche avec Lorne Balfe, connu pour son travail sur Modern Warfare 2 et Crysis 2. Balfe a notamment assumé seul la composition du mode multijoueur du jeu, qui correspond au 3ème disque de cette bande originale.

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Liste des pistes

Disque 1 (durée totale : 72:08)

01 Assassins Creed Theme (Lorne Balfe) 4:43
02 Animus Island (Jesper Kyd) 2:52
03 The Road to Masysaf (Lorne Balfe) 2:55
04 The Wounded Eagle (Jesper Kyd) 2:01
05 The Noose Tightens (Jesper Kyd) 1:26
06 Sailing to Constantinople (Lorne Balfe) 1:34
07 Master and Mentor (Lorne Balfe) 1:45
08 Welcome to Kostantiniyye (Jesper Kyd) 3:31
09 The Crossroads of the World (Jesper Kyd) 3:31
10 Sofia Sartor (Lorne Balfe) 0:43
11 Son of Umar (Lorne Balfe) 1:23
12 No Mistakes (Jesper Kyd) 2:47
13 The Traitor (Jesper Kyd) 3:38
14 A Heated Discussion (Lorne Balfe) 1:50
15 Ambush (Jesper Kyd) 3:08
16 A Familiar Face (Lorne Balfe) 1:21
17 Byzantium (Jesper Kyd) 3:23
18 Nova Roma (Jesper Kyd) 4:02
19 Templar Occupation (Jesper Kyd) 3:35
20 Arrocco (Lorne Balfe) 2:31
21 On the Attack (Jesper Kyd) 4:28
22 Last of the Palaiologi (Lorne Balfe) 0:56
23 Yerebatan Cistern (Jesper Kyd) 1:53
24 Fight or Flight (Jesper Kyd) 2:47
25 Galata Tower (Jesper Kyd) 2:05
26 Die By the Blade (Jesper Kyd) 3:05
27 Forum of Ox (Jesper Kyd) 1:57
28 Suleiman’s Grief (Lorne Balfe) 2:04


Disque 2 (durée totale :
55:33)

01 Istanbul (Jesper Kyd) 3:00
02 We Talk Together (Lorne Balfe) 1:15
03 Altair Escapes (Jesper Kyd) 1:38
04 Betrayal (Jesper Kyd) 1:12
05 The Mentors Return (Lorne Balfe) 1:55
06 Rebuilding the Brotherhood (Jesper Kyd) 2:00
07 Of Life and Death (Lorne Balfe) 1:26
08 Greek Fire (Jesper Kyd) 2:07
09 An Unsubtle Approach (Lorne Balfe) 0:49
10 The Hidden City (Lorne Balfe) 0:33
11 Infiltration (Jesper Kyd) 2:09
12 Cappadocia (Jesper Kyd) 3:51
13 Street Fight (Jesper Kyd) 2:22
14 Mastermind (Lorne Balfe) 1:31
15 Notorious (Jesper Kyd) 3:10
16 Constantinopolis (Jesper Kyd) 3:35
17 Investigation (Jesper Kyd) 2:10
18 Everything Changes (Lorne Balfe) 3:02
19 You Have Eard Your Rest (Lorne Balfe) 1:09
20 Passing the Torch (Lorne Balfe) 0:52
21 Crossed Swords (Jesper Kyd) 2:02
22 Scheduled for Deletion (Lorne Balfe) 1:01
23 Altair and Darim (Lorne Balfe) 1:14
24 The Library (Jesper Kyd) 2:57
25 The Revelation (Lorne Balfe) 2:25
26 Labored and Lost (Lorne Balfe) 2:54
27 Reunion (Lorne Balfe) 0:57
28 Enough for One Life (Lorne Balfe) 2:03


Disque 3 (durée totale :
33:45)

01 Abstergo Industries 2:03
02 Rhodes 0:41
03 The Hunted 2:09
04 Antioch 0:34
05 The Hunter 1:55
06 Kill Streak 0:37
07 On the Run 1:57
08 Constantinople 0:42
09 In the Simulation 2:10
10 Find the Target 2:05
11 Firenze 0:40
12 Welcom to the Fold 1:42
13 Souk 0:35
14 Chase the Target 2:03
15 The Lobby 1:56
16 Venezia 0:46
17 Let the Chase Begin 2:04
18 Sienna 0:36
19 Tracking Templar 2:12
20 Castel Gandolfo 0:41
21 On a Kill Streak 0:46
22 The Pursuit 2:00
23 Assassinate the Target 1:54
24 San Donato 0:44