Portages et localisations : les drôles de mutations de la musique de jeux (partie 1)

Avant-propos

Parti d’une question en apparence simple (« pourquoi, parfois, la musique change ? »), mais qui cachait en fait bien son jeu, cet article s’est rapidement retrouvé affublé d’annexes tentaculaires et sans rapport les unes avec les autres. Aussi a-t-il semblé judicieux d’isoler les différentes parties désormais devenues trop longues pour en faire des sujets à part entière. En outre, certains cas nécessitant une enquête plus délicate et approfondie, donc plus de temps de préparation, la suite de cet article ne sera pas publiée tout de suite.

Peu abordée, la question de la localisation géographique des jeux s’avère être, aujourd’hui encore, un sujet difficile à étudier. En effet, nous sommes en toute logique habitués à une vision de certains produits culturels qui semble inaltérable, et l’idée même de se les procurer sur d’autres continents (ou sur d’autres supports, dans une moindre mesure) pour les comparer semble souvent aussi saugrenue que compliquée à réaliser. Hors, si de nos jours le respect de l’oeuvre originale devient de plus en plus important à mesure que les développeurs, comédiens de doublage, musiciens etc. parlent de leur travail et de leurs intentions, pendant longtemps le choix nous était rarement laissé par rapport aux versions qu’on nous servait, lesquelles réservaient parfois quelques surprises. La traduction est évidemment en première ligne des éléments trop librement adaptés, et à l’origine de certains couacs aujourd’hui légendaires. Mais, étrangement, la musique est elle aussi loin d’être en reste. Et si nous choisissons aujourd’hui de vous en esquisser un portrait, hélas encore incomplet et peuplé de zones d’ombres, c’est parce que la longue histoire des altérations musicales dans la localisation des jeux est bien plus importante que ce qu’on peut imaginer, tout en étant représentative de plusieurs questions et évolutions fondamentales qui ont changé ce média et sa perception entre les années 80 et aujourd’hui.

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Compte rendu : Akira Yamaoka French Tour (le Gibus, Paris)

Ce vendredi 25 novembre 2016, toute l’équipe de Musica Ludi était réunie à Paris pour assister au premier concert du French Tour d’Akira Yamaoka. Il s’agissait là en effet d’une occasion assez unique de voir jouer le compositeur et guitariste, qui n’était pas repassé sur l’hexagone depuis sa première venue à la Japan Expo 2011. Comme beaucoup, nous étions enchantés de voir se produire sous nos yeux le père des sons si particuliers de la série Silent Hill en compagnie de sa chanteuse fétiche, Mary Elizabeth McGlynn. Impatients de découvrir ce concert particulièrement porté sur la série, nous nous sommes donc engouffrés dans le sous-sol exigu du Gibus dans le XIe arrondissement, salle fort célèbre, fut un temps, pour sa programmation punk et rock.

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Interview : Akira Yamaoka

Quelques heures avant le début de sa tournée française organisée par Wayô Records, nous avons eu la chance de rencontrer Akira Yamaoka. Pendant une vingtaine de minutes, le compositeur de Grasshopper Manufacture a discuté avec nous de ses projets passés, présents et futurs, et nous a également fait part de sa vision de la musique. Comme vous vous en doutez, cet échange a été l’occasion de parler de Silent Hill, Shadow of the Damned, Let It Die mais également ses projets personnels, dont le tout récent Yuigonzakura du groupe Enn mo Takenawa.

Pour retrouver notre compte rendu de la première date de la tournée d’Akira Yamaoka, rendez-vous ici.

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Compte-rendu : Symphonic Fantasies Londres, 7 ans de bonheur

Le 6 octobre 2016 était le jour du rendez-vous devenu annuel entre le London Symphony Orchestra et Thomas Böcker. Depuis 2013, le célèbre orchestre anglais prête chaque année son talent à un nouveau volet des concerts produit sous la bannière Merregnon Studios, alternant création de nouveaux programmes et reprises de productions passées. Cette année était celle d’une reprise, et c’est à un retour aux sources probablement inévitable que nous allions assister : Symphonic Fantasies, concert dédié aux musiques des grands RPG de Square Enix (Kingdom Hearts, Secret of Mana, Chrono Trigger/Cross et Final Fantasy). Surtout, le concert avec lequel Böcker avait entamé sa révolution en 2009, en proposant un contenu musical d’une richesse et d’une inventivité inouïes, et même inimaginables à l’époque pour un concert de musique de jeu. Mais sept ans plus tard, l’héritage laissé par Symphonic Fantasies a grandi, et Böcker s’est appuyé sur son succès pour construire de nombreux autres programmes, tous plus brillants les un que les autres. D’où cette question : après tant d’années, Symphonic Fantasies est-il toujours le monument dont nous nous souvenons ?

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