Critique : Castlevania Symphony of the Night

Critique de Clément

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
Wandering Ghosts – The Tragic Prince – Finale Toccata

Paru en 1997 sur PlayStation, Symphony of the Night marque un tournant dans la série Castlevania. Outre l’ajout d’éléments issus du RPG (équipements, montée en niveau, etc) dans un gameplay jusque-là inébranlable, les joueurs ont pu découvrir le talent d’Ayami Kojima, en charge du design des personnages. Ses illustrations, empruntes d’un style gothique inquiétant mais néanmoins raffiné, démarquent vraiment SOTN de ses prédécesseurs sur le plan visuel. Mais l’identité artistique se crée également sur la partie sonore, alors pour habiller d’avantage un jeu aux graphismes et animations déjà très léchés, Michiru Yamane a déployé tous ses talents de compositrice. Si nous la connaissons aujourd’hui pour ses nombreux travaux sur la série, il faut bien comprendre qu’à l’époque elle était plutôt méconnue, son seul travail un tant soit peu distingué étant Castlevania Bloodlines… trois ans auparavant sur Megadrive. Bien qu’étant déjà familière avec la série, elle a donc dû s’adapter aux difficultés techniques qu’implique un changement de console.

Les Castlevania étant des jeux d’action dans lesquels il faut constamment se débarrasser d’ennemis toujours plus forts et nombreux, les musiques de la série ont toujours été très rythmées. Bien qu’il ne déroge pas à la règle, SOTN a été approché différemment par Yamane. Oh, bien sûr, on trouve des thèmes rock faisant écho au passé de la série, comme « Prologue » joué par une guitare électrique héroïque et inarrêtable, ou « Festival of Servants » porté par une batterie sauvage, et même une reprise du mythique « Vampire Killer ». Mais la majorité des morceaux est plutôt calme, comme pour mieux accompagner le joueur dans ses visites nocturnes d’un immense château, aussi noble et majestueux qu’effrayant et labyrinthique. La découverte d’une nouvelle zone s’apparente ainsi à un nouveau dépaysement audiovisuel, rendant l’exploration extrêmement captivante.

La bande son, éclectique à souhait, propose plusieurs facettes. L’une d’elles est grandiloquente, faisant référence à la majesté du Comte Dracula et, Yamane l’avoue elle-même, à l’impression dramatique émanant des illustrations de Kojima. « Wood Carving Partita », le thème de l’auguste bibliothèque dorée du château, nous plonge ainsi directement au XVIème siècle grâce à l’utilisation judicieuse du clavecin, tandis que l’orgue et les chœurs féminins de « Requiem for the Gods » nous octroient un repos salvateur dans la chapelle royale. Au détour d’endroits plus en retrait, le ton des musiques devient néanmoins plus inquiétant. Dans « Rainbow Cemetery » jouée lors de la visite des catacombes, le synthé nous entraîne dans une chute sans fin, avec pour seule pause le martèlement des notes graves du piano semblant résonner contre les murs étroits, reflet anxiogène de l’exiguïté de l’endroit. Et que dire de la cave ? La noirceur d’« Abandoned Pit » nous enveloppe froidement au rythme d’un piano glaçant dont les seuls métronomes sont des bruits lugubres et malveillants. Enfin, certains morceaux proposent une ambiance plus discrète, mais jamais ennuyeuse, comme par exemple « Crystal Teardrop » et ses percussions feutrées. Éclectique, oui, mais SOTN est surtout, contrairement à ces prédécesseurs, une bande son d’ambiance.

Mais au-delà du reste, une poignée de morceaux est magistrale et permet à la bande son de basculer dans l’excellence. Chacun verra midi à sa porte, mais j’ai un penchant particulier pour la « Finale Toccata » accompagnant le château inversé. Tout en retenue, l’orgue joue une toccata (!) inquiétante, dans un ton baroque presque religieux accentué par les incursions régulières de voix aiguës. Puis, quand vient le climax orchestral dramatique, on se dit que le morceau est très bien comme ça et que la boucle est finie, mais… c’était sans compter sur la deuxième partie et un ajout majeur : la batterie. De son rythme saccadé, enlevé, mais toujours très sec, elle amplifie l’orgue pour donner au morceau une teneur épique exceptionnelle, comme si chacun de ses coups nous insufflait une âme de plus en plus guerrière.

Illustration de Ayami Kojima

Les coups d’éclats de cette trempe ne sont certes pas nécessaires pour que SOTN soit excellent, mais ils contribuent à le rendre mémorable. Le gameplay du jeu, son level design et ses graphismes sont déjà de haute volée ; sa direction artistique l’élève au rang de jeu culte. A une époque où la technique ne permettait pas une immersion aussi poussée que les jeux d’aujourd’hui, le duo Kojima-Yamane s’est transcendé pour nous offrir une pépite d’ambiance intemporelle. S’il a par la suite été reconduit, jamais il n’a pu surpasser la magnificence originelle de ce Symphony of the Night.

Avis : Excellent

Castlevania: Symphony of the Night Original Game Soundtrack

Bande originale de Castlevania: Symphony of the Night sur Playstation et Saturn.

Date de sortie : 9 avril 1997
Prix : 2243 yens
Référence : KICA-7760 (publié par Konami)

Composition :
Michiru Yamane, akiropito, Rika Muranaka, Tony Haynes, Jeff Lorber, Sanoppi
Arrangements :
Michiru Yamane, Akira Yamaoka, Rika Muranaka, Jeff Lorber
Interprétation :
Oyaji-sama, Kahori Yamane, Takayuki Fujii, Hekiru Shiina, Cynthia Harrell, Jeff Lorber, Rika Muranaka, Nate Phillips, John Robinson, Michael Tompson, Gerard Albright, Louis Conte


Symphony of the Night est l’épisode qui a donné une nouvelle direction à la série Castlevania. Dirigé par Koji Igarashi, qui va introduire les éléments RPG qui caractérisent la série aujourd’hui encore, c’est également un des premiers épisode dont la bande son est signée Michiru Yamane, qui est associée à la designer Ayami Kojima. De par son style graphique si particulier, cette dernière a d’ailleurs beaucoup inspiré la compositrice lors de l’écriture des musiques. On trouve sur la bande son une large palette de styles, du classique bien sûr, mais aussi du jazz et des mélodies reposantes pour les phases d’exploration, ou du heavy rock pour les affrontements de boss. La sœur de Yamane, Kahori, a participé aux chœurs des pistes « Prayer » et « Enchanted Banquet », et un certain Akira Yamaoka a arrangé le rythme des pistes « Dracula’s Castle » et « The Tragic Prince ».

Liste des pistes

Disque 1 (durée : 68:28)

01 Metamorphosis 1 1:05
02 Prologue 1:27
03 Dance of Illusions
Composé par Sanoppi
1:20
04 Moonlight Nocturne 1:45
05 Prayer 0:59
06 Dracula’s Castle
Arrangé par Akira Yamaoka
1:53
07 Dance of Gold 1:53
08 Marble Gallery 1:25
09 Tower of Mist 2:48
10 Nocturne
Paroles de Masanori Oouchi
2:21
11 Wood Carving Partita 2:44
12 Door of Holy Spirits 1:29
13 Festival of Servants 1:51
14 Land of Benediction 0:18
15 Requiem for the Gods 2:10
16 Crystal Teardrop 2:03
17 Abandoned Pit 2:14
18 Rainbow Cemetery 2:47
19 Silence 0:19
20 Lost Painting 1:42
21 Dance of Pales 2:31
22 Curse Zone 1:16
23 Enchanted Banquet 2:09
24 Wandering Ghosts 2:52
25 The Tragic Prince
Arrangé par Akira Yamaoka
4:05
26 Door to the Abyss 1:47
27 Heavenly Doorway 1:51
28 Death Ballad 1:41
29 Blood Relations
Composé par akiropito / Arrangé par Michiru Yamane
1:34
30 Metamorphosis 2 0:37
31 Finale Toccata 5:12
32 Black Banquet 2:54
33 Metamorphosis 3 0:48
34 I am the wind
Composé par Rika Muranaka, Tony Hayes et Jeff Lorber / Arrangé par Rika Muranaka et Jeff Lorber / Interprété par Cynthia Harrell
4:38

Castlevania: Lords of Shadow Soundtrack

Bande originale de Castlevania: Lords of Shadow sur PS3 et Xbox 360.

Date de sortie : 5 octobre 2010
Prix : vendu avec l’édition limitée du jeu
Publié par Konami Digital Entertainment

Composition :
Oscar Araujo
Orchestrations :
Claudio Ianni, Alejandro Roman, Oscar Araujo


En passant entre les mains du studio espagnol Mercury Steam, la partition de Castlevania: Lords of Shadow opéra un virage important dans l’histoire de la série de Konami. Loin du rock traditionnel de la célèbre franchise, le compositeur et photographe Oscar Araujo a offert à la bande originale de cet épisode une orientation nettement plus orchestrale. Violons puissants, chœurs impétueux et timbales imposantes seront des éléments récurrents de l’œuvre d’Araujo, qui n’oublie pas pour autant d’offrir quelques moments d’accalmie avec des pistes telles que « Waterfalls of Agharta » (reprise de
« Dripstone Cave ~ Waterfall ~ Sunken City » composé pour Super Castlevania IV) ou « Labyrinth Entrance », où les cordes s’adoucissent pour se marier avec une harpe ou des cuivres discrets. Les moments intenses et épiques côtoient donc tout naturellement les instants plus sereins et contemplatifs, tant les compositions d’Araujo se révèlent très homogènes, tout en étant en parfaite adéquation avec l’ambiance gothique du jeu. Parmi les reprises notables, Araujo a subtilement glissé quelques notes de la célèbre « Vampire Killer » dans son « Final Confrontation ». Cette fameuse mélodie est également reprise dans une version boîte à musique, malheureusement absente de ce disque promotionnel, qui se fait entendre au cours du chapitre 9 du jeu.

Liste des pistes

Disque 1 (durée totale : 66:22)

01 Besieged Village 4:22
02 The Warg 3:25
03 Hunting Path 2:28
04 The Dead Bog 2:30
05 The Swamp Troll 5:02
06 The Ice Titan 4:12
07 Labyrinth Entrance 3:16
08 Waterfalls of Agharta 2:44
09 Agharta 1:26
10 Cornell 4:11
11 Maze Gardens 3:18
12 Castle Hall 4:08
13 The Evil Butcher 4:10
14 Laura’s Mercy 1:37
15 Carmilla 2:02
16 The God Mask 1:18
17 Belmont’s Theme 2:53
18 Final Confrontation 6:08
19 The End 5:46
20 The Last Battle 1:26