Critique : Dariusburst Remix Wonder World

Dariusburst RemixDariusburst est un shoot ’em up sur PSP, édité par Taito à Noël 2009 au Japon. Il n’en a pas encore franchi les frontières, bien qu’une sortie américaine soit prévue. Si la bande originale a été composée par Shôhei Tsuchiya et Hirokazu Koshio de Zuntata, accompagnés du célèbre Hisayoshi Ogura, le copieux album arrangé publié six mois plus tard a bénéficié d’un traitement de faveur. Il est en effet issu de la collaboration prestigieuse entre plusieurs grands noms de la musique de jeu vidéo, pour la plupart regroupés au sein de la naissante GeOnDan. Le principe de l’album est de proposer deux disques dont la liste des morceaux est identique, mais dont la thématique des arrangements est différente.

Le premier disque, « A Breath of a Living Thing » (le souffle du vivant), est principalement axé sur les instruments acoustiques, comme des ensembles de cordes, du piano, du saxophone, de la guitare, ou encore des chants. La diversité des artistes présents compose un disque particulièrement éclectique, chacun évoluant dans un répertoire différent de ses collaborateurs. Ainsi, Motoi Sakuraba reprend sans surprise le thème « Hinder Two » à la manière progressive, tandis que Norihiko Hibino propose un long solo de saxophone dans sa reprise minimaliste de « Iron Corridor ».

Le second disque, « A Breath of a Machine » (le souffle de la machine) oriente quant à lui ses arrangements vers des sonorités plus robotiques et effrénées. On y retrouve synthétiseurs en tous genres, beat, et autres sons altérés par ordinateur. Les artistes ayant œuvré sur ce disque sont moins connus car plus présents dans la scène underground de la musique de jeu vidéo. Une anecdote : Norihiko Hibino et TECHNOuchi ont arrangé la même piste, mais ils partagent un autre point commun, à savoir qu’ils ont tous deux composé pour la série Metal Gear à de nombreuses années d’intervalle.

Critique de Clément

Je n’ai pas écouté la bande originale du jeu, mais je ne pouvais pas passer à côté de l’album arrangé : un tel casting ! Si j’ai été un peu déçu par quelques arrangements (Sakamoto et Tsuchiya en tête), le premier CD reste vraiment très plaisant. Entre un Sakuraba qui transcende la piste originale grâce à son arrangement déchaîné (comme d’hab’), une Michiko Naruke du même accabit au moins, et un Hibino qui nous transporte ailleurs pendant ses six minutes de saxo, il y a de quoi faire. On rajoute un soupçon de Shimomura inspirée, une pincée de Kikuta simple et efficace, et un peu d’autres trucs sympas, et on obtient un CD bien. Last but not least, Mitsuda a lui aussi décidé de nous emmener en voyage, avec un arrangement très inspiré qui m’a achevé en fin de CD : quel rythme, quelle sonorités, notamment cette voix digitale ! Ça m’en ferait presque oublier la dernière piste, de Tsuchiya.

Lui, d’ailleurs, il s’est retenu sur le premier CD pour mieux se lâcher sur le deuxième ! D’abord sa version complètement démente, planante et légère de « Hinder Two », alternative originale au prog’ de Sakuraba ; ensuite, la dernière piste du CD, qui vient clore le tout d’une manière, disons, stratosphérique. La façon dont il m’emmène ailleurs ! Qu’est ce que c’est que ce son, mi-voix digitale, mi-synthé ? Complètement génial. Entre deux, j’ai quand même eu le temps d’apprécier la piste électro-contemplative de TECHNOuchi et celle très rythmée de Koshio (« A Serene and Pensive Moment ») qui m’évoque parfois la puissance de ZOE2. Dommage que ce deuxième CD soit ponctué de pistes moins digestes, voire carrément lourdes, allant parfois jusqu’à sonner dance des années 80. Je pardonne aisément ces égarements électroniques tant Tsuchiya est énorme.

Avis : Bon

Coups de cœur :

  • The Arrival of Peace
  • Crushing the Enemy Lightly
  • The world of spirit Type zero (for A ZONE)

Critique de Jérémie

Confier l’univers étrange et fascinant de Dariusburst à toute une brochette de compositeurs de jeu vidéo pour un album arrangé ? Excellente idée en théorie, mais résultat inégal en pratique. Il faut dire que le concept de séparer les types d’arrangements en deux disques, l’un plutôt acoustique, l’autre plutôt électronique, peut conduire à adorer l’un et détester l’autre. Dans mon cas, le premier CD est de loin le plus réussi grâce à ses sonorités plus douces et mélodieuses. C’est là que l’on trouve les musiques les plus captivantes : l’énergie incomparable de Yôko Shimomura, le progressif frénétique de Michiko Naruke, l’ambiance «cimetière de robots» crépusculaire de Shôhei Tsuchiya, le voyage spatial magique de Norihiko Hibino au saxophone seul, les déformations oniriques de Hideki Sakamoto ou encore les inspirations world music apaisantes de Yasunori Mitsuda… Même Motoi Sakuraba est inspiré. Le concept de l’album brille littéralement sur ce premier disque.

Le deuxième n’a malheureusement pas la même ampleur, et ce même s’il débute par l’ambiance cosmique de Mitsuto Suzuki, dont le style s’accorde parfaitement à la thématique aquatique de Dariusburst. Plus loin, certaines reprises sont quasiment insupportables : longs, froids, lourds et répétitifs, les arrangements de Ryu☆, Hirokazu Koshio ou Baiyon font parfois figure de calvaire. On est bien loin de l’atmosphère aérienne remarquable de Yasuhisa Watanabe, du sentiment d’isolement inspiré par la reprise minimaliste de TECHNOuchi ou de ce qui est certainement la reprise la plus réussie de ce deuxième CD : «Crushing the Enemy Lightly». Shôhei Tsuchiya y déchaîne un rythme électronique absolument hypnotique sur lequel rebondit une mélodie enragée… Et pourtant, c’est d’une légèreté déconcertante. Six minutes de bonheur absolu qui méritent bien de s’arrêter sur ce disque.

Avis : Bon

Coups de cœur :

  • Peaceful Sleep in the Wreckage
  • Selflessness
  • Crushing the Enemy Lightly

Dariusburst Remix Wonder World
Album arrangé coopératif de Dariusburst sur PSP.

Date de sortie : 30 juin 2010
Prix : 3990 yens
Référence : ZTTL-0064~65 (publié par Zuntata Records)
Composition : Shôhei Tsuchiya, Hirokazu Koshio, Hisayoshi Ogura
Arrangements : Yôko Shimomura, Motoi Sakuraba, Soyo Oka, Michiko Naruke, Shôhei Tsuchiya, Norihiko Hibino, Hideki Sakamoto, Hiroki Kikuta, Minako Seki, Yasunori Mitsuda, Hirokazu Koshio, Mitsuto Suzuki, Manabu Namiki, Ryu☆, TECHNOuchi, Hisayoshi Ogura, Yasuhisa Watanabe, Baiyon

Commander le disque sur Play-Asia

Final Fantasy XIII Original Soundtrack

Critique de Clément

Pistes coup de cœur :
Saber’s Edge – The Gapra Whitewood – Ending Credits

Final Fantasy déchaîne toujours les passions. Avec ses partis-pris radicaux, le treizième épisode ne fait pas exception et ne laisse personne indifférent. En composant l’OST, Masashi Hamauzu, assez méconnu du grand public malgré plusieurs travaux de qualité chez Square, a fait table rase du passé et s’est affranchi des thèmes récurrents de la série (à part le thème des Chocobos) : un sacrilège pour certains ! Je ne suis pas de ceux-là, surtout au regard de la qualité globale de la bande son. Hamauzu nous emmène dans un monde onirique, un monde qui lui appartient ; il déploie littéralement sa virtuosité de manière égale quatre vingt cinq pistes durant. Un piano bondissant par ci, un violon tourbillonnant par là. Des voix enivrantes, de la bossa-nova, des rythmes électro percutants. Du blues nostalgique et de puissants chants guerriers. Des envolées orchestrales et des ambiances planantes. Quoi qu’il fasse, Hamauzu flirte avec l’excellence. Que ce soit pour les pistes orchestrales, ou celles enregistrées en studio, l’écriture raffinée et le son pur des instruments comblent nos oreilles à chaque seconde. Instruments qui, d’ailleurs, sont en nombre conséquent et très variés : on passe facilement d’une guitare sèche à un harmonica, une flûte à bec ou un mukkuri*. Portée par un thème principal fort, l’OST demeure malgré tout très homogène.

Mais au-delà du bon voire de l’excellent, certaines pistes semblent toucher au divin. La montée en puissance du thème de combat, « Blinded by Light », suivie de l’explosion du violon à 0’35, sont particulièrement fabuleuses. Les autres morceaux de combats ne sont pas en reste, de la dramatique « Saber’s Edge » – le thème de boss absolu ? – à l’électro-rock « Will to Fight » en passant par la vigoureuse « Born Anew » et ses chœurs latins. Pour contre-balancer ce déferlement de puissance, plusieurs pistes d’ambiance contemplative parsèment l’OST. La voix de Mina, les sonorités électro, les petites notes de piano, tout est fait pour nous emmener dans un monde éthéré fait de nuages et de neige. « Dust to Dust » et « Gapra Whitewood » sont deux exemples de parfaite relaxation made in Hamauzu qui subliment également les décors qu’ils accompagnent dans le jeu. On pourrait encore en citer beaucoup, tant les chefs-d’œuvre sont nombreux (« The Yaschas Massif », « Promised Eternity », « Fighting Fate »…), mais est-ce vraiment nécessaire ? Vous l’avez compris, j’aime cette OST. Même « Kimi ga Irukara », la chanson de fin pleine d’amour et de joie, s’avère très agréable alors qu’elle me laissait de marbre au début ! Pour prouver mon intégrité, je me plaindrais juste de ceci : il y a beaucoup de reprises du thème principal. Aussi génial soit-il, c’est un peu lassant, à force. Enfin, ce n’est qu’un détail. L’OST de l’année ? Assurément.

Appréciation : Excellent

*Le mukkuri est une guimbarde aïnou traditionnellement réservé aux femmes que l’on peut entendre dans « Taejin’s Tower ».