Critique : Deus Ex: Human Revolution

On ne peut pas se voir confier l’écriture de la bande originale d’un jeu aussi unique et ambitieux que Deus Ex: Human Revolution sans mettre les petits plats dans les grands. Trois ans de travail plus tard, Michael McCann peut être fier de l’effort fourni.

Dans le jeu, les musiques sont discrètes mais renforcent l’ambiance sombre, et dans la bande originale, les différentes pistes sonores sont parfaitement taillées et regroupées pour donner juste ce qu’il faut d’ambiance et juste ce qu’il faut de cinématique… Pour la plupart, les morceaux sont en effet des montages de différentes pistes sonores qui, normalement, correspondent à l’action en cours à l’écran.

Cela donne lieu à des thèmes longs et variés, tels « Detroit Marketplace » et « After the Crash », qui commencent discrètement avant de se lancer dans des parties musclées, à grand renfort de batterie et de guitare. Deux réussites, surtout quand on considère que l’essence de la bande originale s’y exprime à la perfection. L’atmosphère de fin du monde lente et sourde du jeu se voit elle-même développée à travers une série de musiques souterraines : leurs frottements électroniques pesants, leurs émergences de cordes dramatiques, leurs voix caverneuses et désespérées…

Si l’optique est avant tout atmosphérique, McCann n’a pas pour autant négligé la partie mélodique, même si elle demeure discrète. On notera surtout l’intervention toujours formidable de quelques phrases mélodiques mémorables, qui ont même le pouvoir d’altérer l’ambiance du morceau. C’est ce qui arrive dans « Hung Hua Brothel », morceau électronique aguicheur soudain voilé par quelques notes mystérieuses. Les mêmes notes lointaines que l’on retrouve dans « The Hole ». Même les parties rythmiques parviennent à créer des évolutions mélodiques intéressantes.

Et quand l’intrigue du jeu se fait plus tragique, on trouve des pistes cinématiques absolument grandioses, qu’il s’agisse du thème principal « Icarus » ou de l’excellente « Everybody Lies », peut-être le morceau le plus marquant en présence. Même les thèmes de combat peuvent se laisser déborder par l’émotion, comme c’est le cas avec « Namir », dont le violon déchirant en dit plus sur le personnage qu’une longue histoire.

Certes, ne comptez pas sur la bande originale profondément sombre et sérieuse de Deus Ex: Human Revolution pour vous remonter le moral. Mais le travail raffiné de Michael McCann n’en reste pas moins remarquable.

Jérémie

Avis : Très bon

Coups de cœur :

  • After the Crash
  • Everybody Lies
  • Namir