Critique : Bravely Default Original Soundtrack

Sur le forum de Musica Ludi, on a beaucoup spéculé sur l’identité du compositeur de Bravely Default. De nombreux noms ont été cités, mais personne n’a pu trouver celui de l’heureux élu : Revo. En optant pour le leader de Sound Horizon, Square Enix a fait un choix des plus prudents, car c’est un artiste accompli, capable de créer des univers prolifiques et hautement narratifs.

Et si nous avons cru entendre les styles de plein d’autres compositeurs plus habitués à figurer au générique des RPG japonais, c’est bien parce que Revo n’est pas un inventeur de style ; cela ne veut pas dire qu’il n’a aucun talent, bien au contraire. Plutôt que d’inventer, il copie et parfait les styles de musique traditionnels de ces jeux, à travers des arrangements extrêmement raffinés, magnifiés par des enregistrements avec des musiciens aussi nombreux que doués.

Ainsi, s’il n’y avait qu’un seul mot pour résumer la bande originale de Bravely Default, ce serait bien « élégance ». Les cordes et les vents, tous présents en nombre, insufflent une incomparable sensation de légèreté aux différents morceaux d’exploration, qu’ils soient paisibles (« Land of Beginnings ») ou mystérieux (« Cave of Darkness »). Les quelques rares thèmes mélancoliques, « World of Scattering Flowers » pour ne citer que lui, sont absolument magnifiques. Il y a même une qualité presque mystique dans certaines pistes, comme « A Crystal’s Sparkle », dans laquelle on ressent bel et bien la lumière étincelante du cristal. On croirait presque entendre une composition de Hitoshi Sakimoto

Bravely Default

Les styles sont variés et toujours concrétisés avec soin. Outre la touche orchestrale qui unit l’ensemble, Revo a évidemment trouvé quelques inspirations celtiques façon Yasunori Mitsuda, qu’elles soient douces comme dans « Under a Hollow Moon » ou infiniment énergiques comme dans « You are My Hope ». Influences européennes encore, la piste « Land of Radiant Flowers » et son bouzouki ont même de faux airs de sirtaki.

On compte d’ailleurs un certain nombre de morceaux festifs, parfois aux rythmes pop, comme les dernières pistes du CD1 ou encore « Ship Upon the Open Skies ». L’une des plus plaisantes est la fanfare de victoire, aussi courte soit-elle. Il faut dire que Revo a mis le paquet sur les thèmes de combat, qui optent tous pour un rock orchestral aux portes du progressif. Les rythmes survoltés sont alors accompagnés de guitare électrique, de trompette ou de violon, pour un résultat toujours extrêmement soigné et entraînant.

La bataille verse dans l’orgie pour les toutes dernières pistes, avec la rythmique absolument parfaite de « Wicked Flight » et, surtout, la narration héroïque et formidablement excitante de « Serpent Eating the Horizon ». Après un long hymne ténébreux aux chœurs inquiétants, la piste enchaîne les reprises jouissives des différents thèmes des héros. Un véritable torrent d’émotions qui trouve son égal dans la chanson de fin, « Ballad Moving Toward Hope », dans le plus pur style Sound Horizon.

Les musiques de Bravely Default sont donc bien ce qu’on pouvait attendre de Revo : des compositions immédiatement accrocheuses aux arrangements luxuriants. On pourrait presque reprocher à cette bande originale un habillage trop parfait, trop lisse, mais ce serait chipoter tant on prend un plaisir simple à l’écouter.

Jérémie

Avis : Excellent

Coups de cœur :

  • The Gongs of Battle
  • Windswept Day
  • Serpent Eating the Horizon