Compte-rendu : Melodies in the Mist

Michiru Ôshima, je ne la connaissais pas beaucoup avant ce concert. Il faut dire qu’en jeu vidéo, elle n’a officié que sur ICO dont les musiques sont très minimalistes. Vous allez me dire qu’elle a signé un arrangement de Zelda Twilight Princess. Oui, mais ce n’est qu’un arrangement, et il n’est même pas présent dans le jeu. Alors, je me suis rendu au concert de Wayô Records non pas par amour de la compositrice, mais bien pour soutenir la démarche. J’ai failli rater un truc de fou.


Discovery

Je ne suis pas arrivé en retard au concert, mais il y avait déjà assez de monde devant moi pour que je ne puisse pas acheter de CD, en quantité très limitée. Je me suis donc contenté de faire dédicacer le joli livret donné à l’entrée, regroupant des informations sur les artistes, une partition pour piano et les paroles des chansons interprétées. Sobre et chic. En m’asseyant dans la salle, j’ai pu constater qu’elle était jolie et très douillette, et qu’il y avait sur scène, en plus du piano et des chaises pour le quatuor, un écran géant. A la manière de Distant Worlds qui diffuse des images de Final Fantasy pendant le concert, Wayô nous a donc affiché les titres de pistes, diffusé des messages textuels et vidéo, et, cerise sur le gâteau, un court-métrage directement mis en musique (j’y reviendrai). Classe. C’était aussi un plaisir de retrouver l’enthousiasme de Jonathan sur scène, ainsi que sa maîtrise du Japonais qui a permis à l’audience de dialoguer un peu avec Madame Ôshima qui, par son sérieux et sa simplicité naturels, dégageait un sentiment de sympathie et de respect. Une impression aussitôt confirmée une fois le concert débuté, même si la première partie était parfois enjouée, en témoigne le thème de Ozu : Ôshima est en effet montée sur scène en jouant du mélodica, un hybride flûte/piano (voir ici) dont la seule apparence suffit à le rendre rigolo. Un moment de détente dans une atmosphère jusque là magistrale. Entre les morceaux de FMA, dont la somptueuse « Brat’ja » brillamment chantée par Estelle Micheaux, les thèmes principaux épiques de Buddha et Nabari, et « Sha-rion », l’hommage poignant à Eri Kawai (une chanteuse décédée le 4 août 2008), j’étais émerveillé. Pour cette chanson en particulier, dont les paroles ont été adaptées et traduites en Français pour l’occasion, j’avais les larmes aux yeux ; je dois dire que j’admirais particulièrement la voix d’Eri Kawai. Un petit coup de gueule à l’encontre du public : messieurs-dames, lorsqu’on vous demande de ne pas prendre de photos, n’en prenez pas s’il vous plaît. Ou alors, avec un smartphone pour que ce soit silencieux : un obturateur, ça fait du bruit. Merci.

Sadness

Après une pause glaciale (-5°C, quand même), le concert a repris par un bref discours de Monsieur Togashi de l’association Ganbalo nippon pour présenter « l’Orchestre en montgolfière », un court métrage réalisé par Kazunori Kurimoto pour offrir une consolation aux enfants sinistrés du 11 mars 2011. Ce petit film d’animation, projeté sur l’écran de la scène, raconte l’histoire d’un chat naufragé du tsunami puis recueilli par un orchestre volant à bord d’une montgolfière. Ôshima est donc revenue sur scène pour diriger les musiciens le temps de la projection, lui donnant une allure de spectacle convivial. Bien que les intentions de ce court-métrage soient touchantes, je n’ai pas trop aimé sa patte graphique et même les musiques m’ont parues un peu moyennes, surtout au vu des élans dramatiques de la première partie du concert. D’ailleurs, cette deuxième partie m’a moins ému. Bien sûr, elle n’était jamais ennuyeuse, encore moins mauvaise, mais elle était plus sombre, malgré l’épique thème de Zelda et la virevoltante sélection Legaia par le Yume Duo. En effet, les musiques provenant des dramas (Asuka et Women of Gokudô) étaient plutôt neutres même si je suis persuadé qu’elles prendraient toute leur ampleur dans un autre contexte. Et puis il y a eu ces musiques de films aux sujets tristes (Paradise Lost) voire morbides (Copycat Killer), accompagnées de citations de feu leur réalisateur réputé pour sa sévérité, Monsieur Morita, au sujet de Madame Ôshima. On sentait l’émotion de celle-ci lorsqu’elle évoquait son partenariat avec lui, c’était émouvant, d’autant plus que les musiques des dits films étaient assez glaçantes de tristesse et de désarroi. La salle semblait alors plongée dans la dépression quand démarrai le puissant thème de Godzilla, renforcé par un enregistrement d’orchestre provenant du morceau original. Au delà de la niaiserie « série Z » du thème, j’ai trouvé dommage qu’on entende à peine les musiciens, comme écrasés par la puissante de l’orchestre. Heureusement, Estelle est remontée sur scène pour la sublime « You Were There », dernier acte du concert. Réconfort et gaieté.

I was there

En réalité, ce n’était pas tout à fait fini, puisque Madame Ôshima est remontée sur scène pour jouer un morceau inédit au piano, « Pray ». C’est le morceau dont la partition était fournie avec le programme, les apprentis pianistes pourront donc s’entraîner. Cette fois, c’était vraiment terminé, alors les mains pouvaient claquer, les obturateurs aussi, et les langues se délier pour chanter toutes sortes de louanges : bravo, Madame Ôshima ! Super, les musiciens ! Excellent, le staff du théâtre Adyar ! Et bien sûr, bien sûr : merci, Wayô Records. J’ai malheureusement du filer à l’anglaise immédiatement après la fin tant j’étais limite question timing, mais je pourrai dire avec joie : « j’y étais ».

-Clément

 

Beginning (ICO)
Kiro / The Way Home – Brat’ja / Brothers – Dante (Fullmetal Alchemist)
Sha-rion : Hommage à Eri Kawai
Main Theme (Buddha)
Main Theme (Nabari)
Theme of Ozu (The Tatami Galaxy)
Sabaku no Tabibito / Les voyageurs du désert (Le Continent du vent)
Lição do vento (Le Continent du vent)
L’Orchestre en montgolfière (Ganbalo Nippon)
Castle in the Mist (ICO)
Sélections de The Legaia
Orchestra Piece #1 (The Legend of Zelda : Twilight Princess)
Lullaby (Genghis Khan II : Clan of the Gray Wolf)
Kazabue ~ Theme of Asuka (Asuka)
Main Theme (Women of Gokudô)
Shitsurakuen / Paradise Lost (Paradise Lost)
Mohôhan / The Copycat (Copycat Killer)
Episode – At the Time
Theme of G (Godzilla X Mecha-Godzilla)
ICO – You Were There- (ICO)

 

Lire aussi notre Interview de la compositrice.